À travers l’histoire de la parfumerie, une phase incontournable, celle de la personne que l’on qualifie de nez, qui à l’aide de son odorat compose et marque de son empreinte ce monde exceptionnel et magique d’effluves. Emilie Coppermann est parfumeur chez Symrise et l’auteure entre autre des derniers Givenchy et Ferragamo, deux odes à la féminité très distinctes. Lors d’un déjeuner nous avons échangé sur ce métier encore méconnu.
Emilie,comment décide -t-on de devenir un nez ? A-t-on conscience du chemin à parcourir pour atteindre cet objectif ?
J’ai toujours aimé les fragrances. Petite fille et déjà passionnée, je collectionnais les échantillons et miniatures de parfums, j’arrivais à reconnaitre les amies de ma mère à leurs parfums. Lorsque j’ai eu 13 ans j’ai rencontré Nicolas Mamounas alors nez de la maison Rochas avant cette rencontre, je n’avais jamais imaginé que le métier de parfumeur puisse exister. A 15 ans, j’ai adressé mon dossier de candidature à l’école de parfumerie de Versailles. On m’y a dit que j’étais trop jeune et de revenir dans 5ans. Le rendez-vous était donné et je me suis représentée.
Au cours de votre carrière, quelle est la rencontre qui vous a le plus influencée ?
Les parfumeurs qui ont cheminé ma carrière notamment Dominique Ropion, un personnage bienveillant, intelligent, un vrai bonheur.
Puis après j’ai eu la chance de collaborer avec Jean-Claude Ellena qui a apporté une nouvelle vision de la parfumerie. Sans oublier Maurice Roucel, un passionné empreint de convictions fortes.
Quelle a été votre première signature ?
Sonia Rykiel, le pull. Il y a 20 ans. J’étais tellement fière ! Je n’y croyais pas, c’était génial !
Où « piochez-vous » vos inspirations ?
Les voyages, tu vas à New-York il fait – 10 °, il y a une odeur de métal incroyable. Ou en Colombie où je faisais un jour un jogging sur la plage les frangipaniers tombaient dans la mer. L’odeur de sel se mêlait avec celles des fleurs. Mon inspiration vient également de rencontres, de moments comme celui d’un cocktail servi chez des amis à base de citron vert et de gingembre. Pourquoi ne pas en faire une cologne ?
J’ai une écoute exacerbée par tout ce qui se passe autour de moi (sourire).
Avez-vous des matières premières de prédilection ?
Pas vraiment des matières premières, plutôt une démarche qui est mon style d’écriture: j’aime les décalages, les messages simples. Arriver là où on ne m’attend pas. Par exemple, avec Lalique : un boisé épicé pour en faire une cologne fraiche hyper féminine, ça j’adore !
Ou encore avec Black XS pour elle de Paco Rabane, un bois hyper rêche pour en faire un féminin super sexy inspiré du décalage entre le métal des robes qui sont par ailleurs très sensuelles.
Quel est votre plus vieux souvenir olfactif ?
Quand j’étais à l’école on m’a fait redécouvrir des parfums, dont Parure. Cette odeur m’a tout de suite submergée et m’a plongée dans ma petite enfance auprès d’une grande tante. Ou encore l’odeur du sel alliée à celle des pins de la maison de ma grand-mère à Hossegor, ou encore celle des pétards de mon enfance, je ne me lasserai jamais de ces moments fugaces qui vous font voyager dans le temps, c’est la magie de ce métier.
Lors de vos voyages qu’emportez-vous dans votre Vanitycase ?
Invariablement les Méteorites voyagede Guerlain dont l’odeur est sublime et une crème pour le corps que j’adore, Lipikar de la Roche-Posay.
Si vous aviez une adresse dans le monde à nous faire découvrir, quelle serait-elle ?
Le Kudeta à Bali, j’y étais il y a 10 ans et j’ai adoré. C’est sur la plage, ils font bruler un encens sublimissime, à tel point que j’en ai acheté et que cela fait 10 ans que ma maison en est parfumée.
Et une petite ile au nord du Yucatan, Holbox, j’ai eu la chance d’y nager avec des requins baleines.