Cheveux Blancs, thérapie capillaire #3

Philanthrope. Optimiste. Naïve. Vous pouvez bien penser ce que vous voulez. Je crois que l’Homme est bon de nature. J’ai pourtant découvert une chose importante avec cette histoire de cheveux blancs : l’Homme peut s’avérer méchant et indélicat.

Je me souviens d’avoir été blessée lorsqu’au collège, les garçons disaient que j’avais un “gros cul”. Je n’étais pas filiforme mais j’étais mince.  Il fallait probablement y voir une expression (tordue, certes) d’émoustillement pré-pubère. Résultat, je suis allée voir des nutritionnistes, me suis privée de sucre dans mon fromage blanc et surtout, j’ai bu des canettes de Slim Fast. Et j’ai gardé mon “gros cul”.
Puis j’ai passé ma vie d’adulte sans grand complexe, relativement bien dans ma peau tachée.

Il a donc fallu attendre 37 ans pour que je m’indigne de la manière dont les gens peuvent s’emparer du physique d’autrui.

Voici un petit florilège des remarques entendues pendant ma difficile phase de transition capillaire :

  • Tu as décidé d’arrêter de te teindre les cheveux?”, ostensiblement dubitative.
  • “Pourquoi tu fais çà ??”, les yeux écarquillés et visiblement dégoûtée.
  • “Je ne suis pas pour” après avoir m’avoir demandé si cette poussée neigeuse était volontaire.
  • “Tu as mauvaise mine… cela a doit être les cheveux blancs”, dit-elle assez sûre d’elle.
  • “Ca te vieillit”, du haut de ses 23 ans.

 

Le pire sans doute, ce sont les regards. Au moins, aux remarques hautement exprimées, je peux répondre. Expliquer la raison de ce choix. Faire réfléchir peut-être. Mais la plus sourde des violences, ce sont les regards placés avec insistance au-dessus du front. Chaque fois, j’ai regardé ces femmes (notons que ces remarques sont exclusivement issues de la gente féminine. Diablesses jalouses, au nom de quelle soi-disante solidarité féminine vous donnez-vous le droit de critiquer?) avec mépris le plus souvent. Mais au fond, glacée. Et peinée.

Cette petite brisure égotique intervient certainement parce que je doute encore de mon choix. Soit. Et bien vous savez quoi ? A voir, vos mines déconfites, j’ai encore plus envie d’aller au bout de cette transformation. Par pur esprit de contradiction et de rébellion.

En attendant de trouver un peu d’alignement personnel, les filles, j’ai 2-3 trucs à vous répondre :
Je fais “çà” (comme si je me mutilais… mais enfin !!) parce que je pense qu’il est temps que fasse fi des diktats de beauté. Si vous avez envie de vous badigeonner la tête toutes les 3 semaines de produits toxiques, de souffrir éventuellement des effets de la décoloration, d’y passer votre salaire, etc., soit.

Je fais “çà” parce qu’à bientôt 40 ans, j’essaie de m’émanciper. Devenir libre.  Avoir plein plein plein de cheveux blancs, c’est la vérité de ce que je suis phy-si-que-ment. A 37 ans j’ai autant de cheveux blancs qu’une mamie. Est-ce que pour autant cela signifie que je suis vieille ou moche ?

Je le fais aussi, c’est vrai, parce que j’ai la chance d’avoir un amoureux fabuleux, qui me donne un courage de malade. Un amoureux féministe. Libre d’esprit, intelligent par-dessus tout.

Je le fais parce qu’au final, passées les périodes d’écureuil, je commence à me trouver pas si mal avec les cheveux blancs.

Enfin, et surtout, je me fiche de savoir que les gens ne sont pas “pour”. Rappelons-nous une chose importante : si vous ne demandez pas l’avis des gens, c’est que vous ne l’attendez pas. Je n’ai demandé à personne, sauf à mon amoureux et à ma chère coiffeuse (qui, par ailleurs, me soutient), ce qu’ils ou elles en pensaient. Parce que je ne veux pas savoir. Parce que je ne veux pas prendre le risque d’être blessée par vos remarques. Parce que je suis aussi un être sensible. Et que je ne me résume pas à la couleur de mes cheveux. Ou à la largeur de mon fessier.

Je n’attends donc aucune critique ou avis (sauf s’ils sont positifs, bien sûr!). Si vous étiez pris d’une irrépressible envie de critiquer un physique, des vêtements, des bijoux, un maquillage, la couleur d’un vernis : Faites un noeud à votre mouchoir, faites-vous un gros calin d’amour et RE-TE-NEZ-VOUS !

Et, si cela peut vous aider à vous retenir, sachez que les critiques parlent surtout de VOUS. De vos craintes de vieillir, peut-être. De ne pas vous assumer telle que vous êtes. De ne pas aimer le reflet de votre miroir.

Et puis, s’il fallait en rajouter. Non ! les cheveux blancs ne rendent pas plus blanche de peau. J’ai même l’impression que ça fait ressortir la couleur de mes yeux. Et selon certains (hommes), cela me rajeunirait.

Et si les hommes, ceux là mêmes qui sont nombreux à nous préférer sans maquillage, étaient finalement nos meilleurs alliés beauté?

Peace. Love. Et comme dirait Christina A. : “You’re beautiful no matter what they say”.